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Du « Jésus historique » au « Christ de la foi »

Du « Jésus historique » au « Christ de la foi »

L’exégèse historico-critique est-elle venue à bout du mystère de l’Incarnation ? Nullement, démontre Benoît XVI dans son récent ouvrage « L’enfance de Jésus »*.

Dort, dort, dort le petit fils,
Mille anges divins, mille séraphins,
Volent alentour de ce grand Dieu d’amour. »

Grâce à la communauté arménienne, en effet, le Liban est le seul pays au monde où la fête de la Nativité est célébrée et chômée à deux reprises. Et contrairement à la fête de Pâques, il n’y a aucun scandale à la fêter deux fois.
Il serait trop long de raconter pourquoi il en est ainsi. Il suffit de savoir que la célébration de la Nativité, le 6 janvier, a pour elle le droit d’aînesse. Elle était là avant celle du 25 décembre. Et de savoir aussi que cette date est restée en honneur dans toute l’Église, même si dans l’Église catholique, les épisodes de la vie de Jésus qu’elle commémore ont fini par être distingués les uns des autres.

Pour l’Église arménienne, en effet, et très simplement dit, le 6 janvier commémore l’Épiphanie, ou encore la Théophanie, c’est-à-dire l’apparition ou révélation de Dieu aux israélites et aux non-israélites à travers trois épisodes de la vie de Jésus : la Nativité du Christ, l’hommage que lui rendent des mages venus d’Orient après avoir vu « son astre se lever » et enfin le baptême dans le Jourdain, comme révélation de la filiation divine de Jésus et première manifestation de la Trinité.

Pour l’Église catholique, toutefois, le 6 janvier ne commémore plus que l’Épiphanie, l’apparition aux « rois mages », la fête de la Nativité ayant été avancée au 25 décembre, pour remplacer la fête du soleil, célébrée dans le monde préchrétien au solstice d’hiver. Ce dernier survient le 21 décembre, mais l’erreur – humaine – de calcul d’un astronome l’a fixé au 25 décembre.

En Orient, dans l’Église maronite par exemple, l’accent est mis sur le baptême de Jésus dans le Jourdain, première manifestation de la Sainte Trinité : le Père à travers une voix venue du Ciel, le Fils qui se prête au rite et l’Esprit-Saint, sous la forme d’une colombe.

Sur ces épisodes si chers aux chrétiens un livre, celui de Benoît XVI sur L’enfance de Jésus, vient de paraître qui, tout en en préservant le caractère de merveilleux, accorde à la raison son droit de comprendre, d’apprécier et de juger.

Le merveilleux chrétien
Avec toute la sagesse et le doigté d’un pape, Benoît XVI y relate, détail après détail, ce qui nous émerveille dans les récits de l’enfance de Jésus, et dont certains, toutefois secondaires, ont été introduits dans nos représentations par des traditions qui se sont greffés sur le texte des Évangiles : la nuit d’hiver où Jésus est né, la grotte où cette si haute naissance a eu lieu, la mangeoire où, comble de l’inconvenance, Jésus a été placé, le bœuf et l’âne qui assistent, de toute leur intelligence animale, à une scène à laquelle ils ne comprennent rien, ce qui nous arrive, le nourrisson emmailloté, les bergers alertés par des anges et venus voir l’Enfant, les mages auxquelles la tradition, scrutant les Écritures, a conféré la royauté, et grâce auxquels, à côté du bœuf, de l’âne et des brebis, le chameau et le dromadaire sont entrés une fois pour toutes dans la crèche, sans oublier le merveilleux astre qui leur a annoncé la naissance du Petit et les a conduits à lui.

Tout en tenant compte des découvertes de l’exégèse historico-critique les plus décapantes, et par-delà les tentatives visant à faire des récits des évangélistes Luc et de Matthieu de pures allégories ou des reconstitutions d’événements selon des schémas stéréotypés, Benoît XVI montre que ces récits, sans se superposer, sont cohérents et que leur historicité est parfaitement bien établie.

Le chemin inverse
Assez petit pour être facilement et rapidement lu, le livre de Benoît XVI se présente comme une introduction aux deux précédents ouvrages qu’il a consacrés à Jésus. Dans l’avant-propos du premier d’entre eux (Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration), le pape souligne combien la seconde moitié du XXe siècle a creusé le fossé entre le « Jésus historique » et le « Christ de la foi ».
Sans renier les mérites de l’exégèse historico-critique, Benoît XVI tente de faire le chemin inverse, et « de traverser le maquis des traditions » pour retrouver le Jésus historique, convaincu que « les Évangiles n’avaient pas à habiller Jésus de chair puisqu’il avait réellement pris chair ». Il y réussit parfaitement.
L’épisode de l’astre qui a conduit les mages à l’enfant est un exemple parmi d’autres, que s’efforce de clarifier Benoît XVI. Certains, dit-il, à commencer par Jean Chrysostome, estimaient qu’on était là dans le domaine de la pure théologie. L’étoile était pour ce Père de l’Église une « vertu » surnaturelle qui a brillé et conduit les mages. Il semble établi aujourd’hui, poursuit-il, qu’en 7-6 avant J-C, une grande conjonction des planètes Jupiter et Saturne se soit produite dans le signe zodiacal des Poissons, et qu’à cette conjonction, comme l’a supposé Copernic sur la base d’une observation faite à son époque, « se soit ajoutée une supernova, ce terme désignant une étoile très lointaine sur laquelle se produit une énorme explosion, de sorte que pendant des semaines et des mois, elle développe une intense luminosité ».

Un « tournant anthropologique »
Et le pape, s’appuyant sur les conclusions de l’astronome italien contemporain Ferrari d’Occhieppo confirmant l’hypothèse de Copernic, de préciser : « Dans le monde antique, les corps célestes étaient regardés comme des puissances divines qui décidaient du destin des hommes. Les planètes portent les noms de divinités (…) À ce sujet, le fait que la planète Jupiter représentait le principal dieu babylonien Mardouk est important (…) Jupiter, l’étoile de la plus haute divinité babylonienne, apparaissait dans sa plus grande splendeur au temps de son lever nocturne à côté de Saturne, le représentant cosmique du peuple des Juifs (…) De cette rencontre, les astronomes babyloniens pouvaient déduire un événement d’importance universelle, la naissance dans le pays de Juda d’un souverain qui aurait apporté le salut (…) En détail, comment ces hommes sont arrivés à la certitude qui les poussa au voyage et finalement les conduisit à Jérusalem et Bethléem, c’est une question que nous devons laisser ouverte. »

En tout état de cause, ces données placent un peu mieux, historiquement, la date de naissance de Jésus, fixée par un moine à un jour trop avancé, et que les historiens situent aujourd’hui, approximativement, à -4 avant J-C. Curieusement, l’écart de deux ans entre les dates de la conjonction astrale et de la naissance de Jésus se retrouve dans la décision du roi Hérode de massacrer « tous les enfants (de Bethléem) de moins de deux ans, d’après la date (de la naissance du roi des Juifs) qu’il s’était fait préciser par les mages ». Cet intervalle pourrait donc mesurer le temps que les mages auraient mis pour effectuer leur voyage, avant de rentrer dans leur pays. Mais ce ne sont là que spéculations personnelles.

Quoi qu’il en soit, nous sommes là, dit le pape, à un « tournant anthropologique » de l’histoire. Les temps sont consommés, ce n’est plus l’étoile qui détermine le destin de l’Enfant, mais ce dernier qui en établit le cours. L’ouvrage cite saint Grégoire de Nazianze, l’un des Pères de l’Église, affirmant : « Au moment même où les mages se prosternent devant Jésus, la fin de l’astrologie serait arrivée, parce qu’à partir de ce moment, les étoiles auraient tourné dans l’orbite indiquée par le Christ. »

À une époque où des philosophies de pacotille remettent à l’honneur les déterminismes cosmiques de l’astrologie, il est intéressant de relever que l’idée d’un départ à neuf, l’anticipation pleine d’espoir que l’on éprouve au début d’une nouvelle année, est une réplique de l’ardente attente d’un temps messianique ayant précédé la naissance de Jésus. Cette naissance a été, aussi, celle de la liberté ; liberté intellectuelle et existentielle à l’égard de toutes les pseudodivinités qui asservissaient l’homme, avant l’apparition du véritable maître de l’histoire, en attendant sa mise en œuvre dans l’histoire des hommes.

Aucun détail majeur des récits de Luc et de Matthieu n’est laissé de côté par l’ouvrage de Benoît XVI, qui réussit, malgré ses limites, à nous restituer de façon convaincante et riche l’enfance du Sauveur, tout en laissant la porte ouverte à de nouvelles recherches. Comme il y a plus au monde que ce qui est mesurable, il y a deux façons de connaître Jésus : selon le cœur et l’esprit, en faisant l’expérience de sa présence, et selon la raison, en décryptant les données disponibles pour le cerner historiquement. Le livre de Benoît XVI participe de ces deux démarches et montre qu’elles ne sont pas inconciliables. Hautement recommandé.

*Joseph Ratzinger – Benoît XVI, « L’enfance de Jésus », Flammarion, 180 pages, 16 euros.

L'orient le jour

عن الاتحاد الكاثوليكي العالمي للصحافة - لبنان

عضو في الإتحاد الكاثوليكي العالمي للصحافة UCIP الذي تأسس عام 1927 بهدف جمع كلمة الاعلاميين لخدمة السلام والحقيقة . يضم الإتحاد الكاثوليكي العالمي للصحافة - لبنان UCIP – LIBAN مجموعة من الإعلاميين الناشطين في مختلف الوسائل الإعلامية ومن الباحثين والأساتذة . تأسس عام 1997 بمبادرة من اللجنة الأسقفية لوسائل الإعلام استمرارا للمشاركة في التغطية الإعلامية لزيارة السعيد الذكر البابا القديس يوحنا بولس الثاني الى لبنان في أيار مايو من العام نفسه. "أوسيب لبنان" يعمل رسميا تحت اشراف مجلس البطاركة والأساقفة الكاثوليك في لبنان بموجب وثيقة تحمل الرقم 606 على 2000. وبموجب علم وخبر من الدولة اللبنانية رقم 122/ أد، تاريخ 12/4/2006. شعاره :" تعرفون الحق والحق يحرركم " (يوحنا 8:38 ).